Le Coup d’État du 15 Janvier 1966: L’Émergence de l’Instabilité Politique au Nigéria
Le 15 janvier 1966, le Nigéria fut secoué par un événement qui allait marquer profondément son histoire : un coup d’État militaire. Orchestré par un groupe d’officiers junior principalement issus de la région Igbo du sud-est du pays, ce bouleversement politique marqua un tournant brutal dans l’histoire nigériane, précipitant le pays dans une spirale de violence et d’instabilité qui allait durer des décennies.
Pour comprendre les causes profondes de ce coup d’État, il faut remonter quelques années en arrière, à l’obtention de l’indépendance du Nigéria en 1960. Bien que joyeuse, cette indépendance fut loin d’être un bonheur uniforme. Des tensions ethniques et religieuses persistantes rongeaient le tissu social du pays, exacerbant les rivalités entre les différentes régions et groupes ethniques qui composaient ce jeune État. Les Haoussas musulmans du nord étaient majoritaires, tandis que les Ibos chrétiens du sud-est constituaient une minorité influente.
Ces tensions devinrent plus aiguës après que le Premier ministre Sir Abubakar Tafawa Balewa eut été accusé de favoriser la région Nord. La frustration monta chez les Ibos, qui se sentaient marginalisés et privés de pouvoir. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement dominé par les Haoussas en 1964 aggrava encore la situation.
C’est dans ce contexte politique volatile que naquit le plan du coup d’État du 15 janvier. Dirigeant cette opération, on retrouve un jeune lieutenant-colonel de 30 ans, Chukwuma Kaduna Nzeogwu. Motivé par une vision idéaliste d’un Nigéria débarrassé de la corruption et des inégalités ethniques, Nzeogwu et ses complices militaires mirent en œuvre leur plan avec efficacité.
Les résultats furent rapides et spectaculaires : dans les premières heures de l’opération, les leaders politiques étaient arrêtés ou tués, y compris le Premier ministre Balewa, ainsi que plusieurs hauts responsables régionaux. Le Président Nnamdi Azikiwe, un Igbo, fut contraint à la démission.
Cependant, l’enthousiasme initial pour ce changement radical s’estompa rapidement. La réaction du nord du pays fut violente et imprévisible. Des émeutes sanglantes éclatèrent ciblant les Ibos, considérés comme responsables du coup d’État. Des milliers de personnes furent tuées dans une escalade de violence ethnique qui dura des mois.
Le coup d’État du 15 janvier eut des conséquences désastreuses sur le Nigéria. Il mit en lumière la fragilité de l’unité nationale et les tensions profondes entre régions et groupes ethniques. L’instabilité politique engendrée par cet événement ouvrit la voie à une série de coups d’État futurs, conduisant finalement à la guerre civile du Biafra de 1967 à 1970.
Cet épisode sombre de l’histoire nigériane rappelle l’importance cruciale de la justice sociale, du dialogue inter-communautaire et d’une gouvernance inclusive pour garantir la stabilité et le développement durable d’un État-nation.
Tableau chronologique des événements clés:
Date | Événement |
---|---|
1960 | Indépendance du Nigéria |
Janvier 1964 | Élection d’un gouvernement dominé par les Haoussas |
15 janvier 1966 | Coup d’État militaire dirigé par Chukwuma Kaduna Nzeogwu |
Les conséquences du coup d’État:
- Escalade de la violence ethnique contre les Ibos.
- Destitution du gouvernement légalement élu.
- Mise en place d’une junta militaire dirigée par Johnson Aguiyi-Ironsi, un Igbo.
- Contrecoup et nouveaux coups d’État dans les années à venir.
La mémoire du coup d’État du 15 janvier reste vive au Nigéria, servant de rappel constant aux défis que le pays continue de rencontrer en matière d’unité nationale et de réconciliation.